Depuis 2005, l’OMS a régulièrement mis à jour une liste de tous les antimicrobiens actuellement utilisés en médecine humaine. La plupart sont également utilisés en médecine vétérinaire. Ils sont regroupés en 3 catégories (d’importance critique, très importante et importante) en fonction de leur importance en médecine humaine. Cette liste visant à faciliter la gestion de la résistance aux antimicrobiens veille à ce que tous les antimicrobiens, en particulier ceux d’importance critique, soient utilisés avec prudence aussi bien en médecine humaine qu’en médecine vétérinaire.
En 2019, l’OMS a publié la sixième révision de la liste des antimicrobiens d’importance critique pour la médecine humaine.[1] Les conclusions des ateliers d’experts organisés par l’OMS sont les suivantes :
1. Il existe des preuves évidentes de conséquences néfastes sur la santé humaine des organismes résistants aux antimicrobiens, résultant de l’utilisation d’antimicrobiens en médecine vétérinaire.
2. La quantité d’antimicrobiens administrés en médecine non humaine ainsi que les pratiques d’utilisation ont une incidence sur la présence de bactéries résistantes chez les animaux et les produits alimentaires, ce qui expose les humains à ces bactéries résistantes aux médicaments.
3. Les conséquences de la résistance aux antimicrobiens sont particulièrement graves lorsque les agents pathogènes résistent à des antimicrobiens d’une importance critique pour la médecine humaine.
Il convient de noter que certains médicaments utilisés chez les animaux, par exemple la tilmicosine, s’ils ne sont pas utilisés chez les humains, sont également considérés comme des antibiotiques d’importance critique car ils appartiennent à la même classe (macrolides) que ceux utilisés en médecine humaine. La surconsommation et le mésusage de la tilmicosine en agriculture animale peuvent entraîner l’émergence et la propagation de bactéries résistantes aux macrolides.
D’après une étude américaine, le gène mcr-1 a été retrouvé dans la bactérie Escherichia coli d’une femme de Pennsylvanie atteinte d’une infection des voies urinaires. Les bactéries porteuses du gène mcr-1 sont résistantes à l’antibiotique colistine. Le ministère américain de l’Agriculture a déclaré que ce gène avait également été trouvé dans l’échantillon d’intestins d’un porc. La colistine est considérée comme l’antibiotique de dernier recours pour guérir les infections causées par des bactéries ayant développé une résistance à plusieurs antibiotiques.[2] La colistine, classée antimicrobien d’importance critique hautement prioritaire, ne devrait donc pas être couramment utilisée dans l’élevage. La Chine a d’ailleurs récemment interdit l’utilisation de la colistine comme stimulateur de croissance et a publié un mandat pour contrôler l’usage de la colistine dans le traitement des maladies animales.
Quelques vidéos sur les AIC :
Références
1OMS (2019). Critically important antimicrobials for human medicine, 6th revision. ISBN 978-92-4-151552-8
2 Branswell, H. (26 mais 2016). The world's worst superbug has made its way to the US. Consulté sur : http://www.businessinsider.com/superbug-resistant-to-colistin-found-in-us-2016-5